La société de consommation en mal d’idées s’est emparée avec force de nos vagins. Aujourd’hui impossible de lire la presse s’en apercevoir un nouveau produit autour du vagin. Ce phénomène s’appelle le “Pussy power” et il fait la joie des industriels du monde entier.
Or ce qui me dérange profondément dans tout cela c’est que le “Pussy power” est à l’origine un mouvement artistique assez génial visant à tuer le culte du phallus afin de faire émerger celui du vagin. Le vagin y est utilisé comme réappropriation du symbole féminin ultime du pouvoir. Il devient un portail du sacré, un outil de lutte et d’affirmation de soi. Il parle et à des choses à dire, des choses intéressantes et instructives et bien sûr il est aimé et estimé. Il n’est en aucun cas un objet de consommation pour toutes ces femmes.
Gustave Courbet avec son “Origine du monde” et Magritte avec “Le viol” s’étaient déjà eux aussi intéressés au vagin et à sa symbolique. Plus récemment Anish Kapoor à exposé le “vagin de la reine” dans les jardins de Versailles.
Il est donc clair que le vagin appartient au domaine de l’art et des sciences et non à celui du capitalisme.
Pourtant alors que les femmes en sont toujours à lutter avec leurs vagins pour faire avancer la cause féministe, l’industrie du capitalisme à trouvé bon de s’emparer de ce symbole, de le transformer et de proposer tout un tas d’alternatives aux femmes afin de gagner le plus d’argent possible.
Là ou le monde artistique met le “vagin libérateur” sur un piédestal, le monde industriel lui prend un autre virage et va exploiter ce qui aujourd’hui fait fureur,“l’image du vagin “et “le culte de la perfection”
Car pour quelques artistes qui sont dingues du leurs, il existe en contrepartie une horde de femmes qui elles sont en désolation avec leurs vagins. Elles en détestent tout, l’odeur, la couleur et la forme. D’autres vivent une diminution de leurs estimes d’elles même après des accouchements difficiles qui ont altéré l’élasticité du leurs. Et puis il y a toutes celles qui courent après le jeunisme et les tendances et qui sont prêtent à tout pour être au summum de la branchitude.
Tout cela l’industrie l’a bien compris et a conçu tout un panel de produits pour créer et combler des besoins jusqu’alors inexistants en insistant toujours plus sur le fait que nous avons besoin de tout cela pour être parfaites. Etre parfaite quelle hérésie ……
Autour du vagin vous pouvez donc aujourd’hui :
– Vous faire opérer des lèvres afin de les réduire ou les faire siliconer. Vous pouvez également faire rajeunir votre vagin à coup de forte chaleur propulsée sur celui ci pour stimuler la production de collagène (c’est le Vontouring et oui c’est dangereux, ça reste de la chirurgie esthétique avec ses risques)
-Si vous n’en êtes pas encore à ce stade ce n’est pas grave, l’industrie capitaliste a pensé à vous aussi. Vous pourrez maquiller votre vagin pour en changer l’aspect comme kim Kardashian , lui mettre de l‘enlumineur pour qu’il brille de mille feux, ou hydrater vos lèvres intimes avec un baume a lèvres mais attention à ne pas le confondre avec votre autre baume.
-Pour celles qui sont ultra modernes, vous pourrez faire une détox du vagin à base de sachets d’herbes qui bien évidemment ne sont pas du tout recommandés par les gynécologues car inefficaces et dangereux. Vous pourrez aussi vous mettre des paillettes dans le vagin pour le rendre plus festif au risque de développer des infections vaginales et des mycoses. Ou encore vous coller le vagin pendant vos règles afin d’échapper à la corvée des tampons et des serviettes.
-Si malgré tout cela vous n’avez pas trouvé votre bonheur, pas de soucis, vous pourrez vous faire faire une “manucure vagin” pour être femme jusqu’au bout des doigts ou vous couvrir de la tête aux pieds de vagins en vous habillant chez certains couturiers et pour parfaire votre look, l’industrie vous conseille de porter des bijoux vagins en parures complètes.
Le soir avec vos amis vous pourrez dîner dans des restaurants tendances ou vous dégusterez des vagins sous toutes les formes et avec tous les goûts. N’est ce pas divin ?
Je ne sais pas pour vous mais moi tout cela me fait vomir, je crois que j’ai une “indigestion de vagin”.
Je n’en peux littéralement plus de voir et d’entendre parler de vagins partout. Pourtant je suis fière d’être une femme et d’en posséder un et je n’échangerais ma place pour rien au monde.
Alors non, je n’ai pas envie de mettre des paillettes dans mon vagin, ni de le maquiller et encore moins d’en porter partout sur moi. A l’heure ou l’on reproche aux hommes d’avoir surexposé leurs phallus pour dominer le monde, l’industrie capitaliste reproduit exactement le même schéma en envoyant à la face de la planète, des vagins à toutes les sauces.
Il ne me semble pas que les femmes aient besoin de porter des vagins partout pour exister socialement. Elles n’ont pas besoin non plus de se convertir à une mode du vagin parfait et universel. Je lutte aussi contre cette idée très forte et continuellement relayée que la vagin c’est moche et sale.
Mon vagin ne sera jamais un lieu de lutte esthétique ni d’affirmation de soi, il m’est précieux pour tout le bien qu’il m’apporte et pour sa fonction première qui fait de moi une femme. Je lui suis reconnaissante d’exister et d’avoir fait de moi une mère mais il fait parti de mon intimité, celle que je veux protéger et cacher.
J’en aime sa forme, sa couleur et son odeur et je suis fière de le présenter à mon Maître tel qu’il est parce que c’est aussi une forme de moi. Quand je vois combien il l’aime je me dis qu’aucune injonction capitaliste ne pourra m’apporter plus que ce regard plein d’amour et de désir que je reçois à chaque fois. Car la vérité se situe dans le regard de l’autre et non dans celui de la société.
Il n’est plus de la première jeunesse, il ne brille pas comme un lampion, il a subit des grossesses et des déchirements, il est peu être moins tonique aussi mais c’est fou comme je l’aime.
Alors cher monde Capitalisme merci de nous lâcher le vagin, nous n’avons pas besoin d’en faire un produit de consommation pour nous sentir des femmes complètes. Nous ne voulons pas être parfaites non plus nous voulons être nous même sans dépendre d’obligations ni de diktats commerciaux. Nous ne sommes pas des produits nous sommes des femmes pleines d’émotions.