Paris, début Octobre
Très cher vous,
Hier j’étais chez Madame de la Pommeraie. J’y prenais le thé dans son petit patio celui que vous aimez tant. Un pur instant suranné comme il est difficile d’en vivre encore de nos jours. Madame de la Pommeraie était fraîche et pimpante dans sa robe en mousseline aux tendres reflets violine. Elle avait sur la tête une de ses compositions florales qui m’épatent à chaque fois.
Je me demande comment cette vielle dame excentrique qui perd un peu la tête à pu, à son époque, être une reine incontestée des parties fines les plus prisées ? De temps en temps quand elle est bien disposée, elle me raconte quelque bribes de cette vie de débauche qui lui à voulu le surnom inégalé de “bouche humide et torride”. Mais ses souvenirs se dissipent trop vite et ses yeux myosotis se teintent d’un voile de tristesse et de regrets. La vieillesse semble être une longue attente sans fin pour certains.
Le thé n’était pas formidable ce qui n’est pas habituel chez elle. J’ai l’impression que ses domestiques ne lui disent pas toute la vérité sur l’état de ses finances mais ca ne semble pas l’affecter le moins du monde. En écoutant vaguement la salve de ses occupations du jour, j’ai pensé à vous.
Je crois que c’est la mosaïque du carrelage du patio qui m’a fait penser à vous. Je m’y suis revue allongée à vos côtés, ce soir d’été 2005 à refaire la vie, le monde et à vous partager mes secrets bien innocents. Vous m’y aviez fait, à votre tour, l’étalage de vos perversités et je m’en étais sentie toute émoustillée. Je n’avais jamais entendu de choses aussi excitantes de toute ma jeune vie et je m’étais masturbée toute la nuit. Ce fut incontestablement le début de ma vie de débauchée.
J’ai grandi depuis et vécu plusieurs vies érotiques mais je ne peux penser à vous sans nostalgie. Je vous vois totalement comme mon mentor meme si je n’ai jamais osé vous le dire. Et si je vous écris aujourd’hui c’est pour vous raconter dans quelle aventure je me suis lancée dernièrement.
Lasse de ma vie nocturne et des mêmes profils cent fois croisés et baisés, j’ai décidé de tenter l’aventure du numérique et je me suis inscrite sur un site libertin. Oh je sais que vous êtes un fervent défenseur de la vie réelle et vous avez sans doute raison mais je me suis dis qu’il fallait une sacrée dose de courage de nos jours pour aller affronter les désirs virtuels de nos contemporains.
J’ai donc osé, au détriment de la bienséance et des valeurs que je porte en moi, et je me suis crée un profil de femme seule cherchant la ou les queues qui pourront la satisfaire. Rien d’original finalement au vue de ce que se monde charie comme perversions.
Là ou j’ai décidé d’innover c’est dans le fait de me faire payer. Le jeu aurait été moins pervers et moins ambitieux sans cette notion. Me voila devenue en quelques clics, courtisane virtuelle, amazone du sexe dans le réel, là pour prendre ce qui me revient de droit : du plaisir.
Voyez-vous, il n’y a vraiment qu’avec vous que j’ai pu me soumettre. Les autres hommes, j’ai envie de les dominer pleinement et d’en faire les instruments de mes plaisirs charnels. Et je n’ai même pas honte d’objetiser la gente masculine.
Pas honte du tout même !!! Après tout, cela fait des siècles que les hommes se servent du corps des femmes pour se soulager sans culpabiliser, pourquoi ne pourrais-je pas faire de même ?
Je ne pensais pas que cela fonctionnerait aussi vite et que je verrais affluer sur mon profil, une meute d’hommes prêts à se faire éduquer et dépouiller par mes bons soins. Il est clair que ce monde se meurt d’ennui et de sexe exécuté sans vraies motivations. Ce n’est pas mieux dans la vie réelle mais c’est sans doute bien mieux caché.
Je me suis attachée à sélectionner des hommes dont les messages avaient un sens et peu de fautes. Je veux bien être gentille mais il est hors de question que l’on m’écorche les yeux. C’est comme ceci que j’ai trouvé mon Bel-Ami. Une jeune personne, bien éduquée, venant probablement d’une famille aisée mais sans le sous, prête à vivre toutes les débauches possibles pour assouvir sa soif de jouissances.
Je fus amusée il faut bien l’avouer. La jeunesse à la vigueur que ne possède plus les hommes de bonne facture mais il lui manque indéniablement la patience. Ce dévoreur voulait tout vivre dans l’instant, déchirer de ses dents de jeune loup la chair de femmes bien pourvues financièrement. Il pouvait tout baiser, selon lui, de la nymphette au laideron pourvu que la fange soit au rendez-vous et qu’il puisse se rouler dedans.
Un porcinet !!! voila ce qu’il était !! Un porcinet qui rêvait de débauche et qui à 22 ans baignait déjà dans l’ennui du sexe conventionnel avec des jeunes femmes de son âge. Il se vantait pourtant d’avoir eu des soumises mais cela sonnait faux à mes oreilles, il confondait allégrement les jeux de rôles alcoolisés avec la teneur authentique du BDSM.
Je sais que je suis parfois cruelle mais n’est-ce pas là le début de la perversion ? Je le crois.
Je n’ai pas pu m’empêcher de jouer avec lui, comme une grosse chatte qui se délecterait par avance de la saveur d’une souris.
Je me suis inspirée de vos méthodes si longtemps observées et j’ai tourné méthodiquement le couteau dans la plaie du désir jusqu’à ce qu’elle saigne. J’étais à deux doigts de le convertir à ma religion mais la jeunesse est frivole et dilettante et ne sait pas faire durer le plaisir.
Il s’est donc envolé, le pantalon sur les genoux, la queue au vent, faire rêver de vieilles femmes qui lui glisseront des billets entre les fesses. Ce fut cependant un début prometteur à bien des égards pour moi, je m’étais introduite dans ce milieu d’hommes où tous les fantasmes étaient permis, où rien ne semblait les choquer et j’allais agir comme eux.
C’est un milieu qui ne chôme pas car me voila déjà en contact avec un homme qui souhaite me louer. En voila une chose intéressante, une autre histoire à vous raconter très vite qui j’espère vous amusera tout autant que je m’amuse en ce moment.
A trés vite cher Vous.
Votre salope dévouée