Aux jours pluvieux correspondent les interrogations tendancieuses, comme nous avons tous plus ou moins l’esprit tortueux et que moi même je dois l’avoir sans doute plus que la moyenne, je m’interroge sur la possibilité d’instaurer un «contrat d’infidélité» au sein du couple. Je ne parle pas ici de polyamour mais bien d’un contrat de liberté sexuelle réciproque qui équivaut à ce que l’on ne sait nommer de nos jours qu’infidélité.
Dans notre société actuelle, l’amour dit fusionnel continue d’incarner “l’amour parfait” celui que l’on se doit de vivre lorsqu’on se met en couple. Cependant si nous regardons de plus prés ce qui se passe réellement, nous pouvons constater que nos pratiques sont tout simplement décalées par rapport au schéma fusionnel du départ.
D’ailleurs l’émergence d’une forme plus moderne du couple que l’on pourrait qualifier de couple à «autonomie raisonnée» prouve bien que le besoin de liberté au sein de l’union est une réalité tangible.
En effet, dans ce type de couple, chacun permet à l’autre de vivre sa vie jusqu’à une certaine limite qui est préalablement définie entre les deux parties. Il devient donc possible de sortir seul, d’avoir des amitiés du sexe opposé voir même de partir en vacances sans son conjoint sans que cela ne génère de problèmes particuliers. Ce mode de vie qui semble basé sur la liberté trouve vite fait ses limites, la liberté supposée s’arrêtant le plus souvent au seuil des investissements sexuels et affectifs.
Il serait donc facile à ce niveau de la réflexion, de réfuter l’idée même d’introduire un contrat d’infidélité au sein du couple, tant la réalité prouve que même les couples les plus enclin à ouvrir un espace de liberté au sein de leur union trouvent tout de même assez vite leurs limites.
Pourtant, poussons tout de même la réflexion jusqu’au bout et appuyons nous sur l’exemple que nous fournit la littérature en mettant en exergue le couple très médiatique que fut Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir et qui dura plus de 50 ans.
Ils avaient, à leur époque, établi un pacte au sein de leur couple. Sarte déclarait alors «Notre amour est un amour nécessaire mais il convient que nous vivions aussi à côté des amours contingents qui sont une façon de connaître le monde, quand on est un homme avec les femmes et quand on est une femme avec les hommes»
Il s’agit ici d’être un couple qui ne se fixe pas de limites puisqu’à priori chaque partenaire peut vivre des expériences sexuelles et même parfois amoureuse avec des tiers sans avoir à le cacher. La fidélité se basant exclusivement sur le temps et non pas dans la sexualité. Il n’y a donc jamais de remplacement du partenaire initial mais une complémentarité à celui ci, il ne peut donc pas avoir de rupture. On reconnaît le droit à l’autre de vivre tout simplement en dehors de soi, il arrive même que le couple choisisse de ne pas vivre ensemble.
Ce fonctionnement permet de conserver une relation forte et passionnelle sans s’étouffer, puisque des le départ il y a accord sur les modalités de vie
Cet exemple tendrait donc à prouver qu’il est possible d’instaurer un contrat d’infidélité dans le couple et de le vivre de façon harmonieuse, pourtant je m’interroge toujours et me pose les questions suivantes ?
Quid de la jalousie ce sentiment si humain ? Comment éteindre en soi l’instinct de possession ? Devons nous tout raconter de nos aventures à notre partenaire sous prétexte que nous avons adhérer à ce type de contrat ?
Il est difficile de répondre à ces questions et surtout impossible d’assurer à son partenaire qu’on ne souffrira pas à un moment ou à un autre de jalousie. Je ne crois pas non plus qu’il soit possible d’être totalement honnête notamment si l’amour d’une autre personne s’impose tout d’un coup, et ce non par hypocrisie mais tout simplement parce qu’il est parfois nécessaire de ne pas tout raconter pour préserver ce qui a été construit antérieurement.
Simone de Beauvoir fût elle même confronté à cette rude problématique lorsqu’elle fut amoureuse plus que de raison de Nelson Algren, romancier américain à qui elle écrivit pour se justifier de ne pas tout quitter pour lui la chose suivante : « Depuis le tout premier jour je me suis sentie coupable envers vous parce que je pouvais si peu vous donner, alors que j’avais pour vous tant d’amour. Je sais que vous m’avez crue, que vous avez compris mes explications. (..) Je ne veux pas plaider à nouveau ce point : je ne pouvais pas abandonner Sartre, l’écriture, la France. »
Le contrat d’infidélité aurait donc comme limite absolue, le sentiment amoureux de la tierce personne. Ce qui deviendrait donc a ce stade plus que compliqué puisqu’il est difficile de contenir en permanence ses sentiments.
Pour conclure, Il est fort probable, après analyse de tous ces éléments, qu’il ne soit possible de vivre ce genre de contrat, qu’à la condition d’extraire de la relation de couple le sentiment dominé/dominant propre au désir sexuel et de développer la tendresse, la confiance, l’estime et la générosité. Arrivé à ce stade de renoncement, l’amour du couple ne finit-il pas par être complètement délayé au profit de ce qu’on pourrait appeler une très forte amitié ?
Un excellent article que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt…
Si certains couples mariés peuvent ainsi souscrire à un tel contrat, c’est beaucoup plus facile avec les couples éphémères dont les partenaires se laissent libre de voler vers d’autres bras à la conditions expresse que ce soit juste une aventure sexuelle et de se la raconter ensuite…
Faut il comme dans le cas de Sartre et Beauvoir être dans une vie sans gros problèmes matériels, sans contraintes , être un couple sans enfants ,
pour jouer à ce petit jeu assez pervers qui est « regarde comme je plais à d’autres « .
Finalement un truc hyper narcissique .
Du genre on va corser la relation car vraiment on s’emmerde dans la vie .
C’était A l’époque une manière de casser les conventions bourgeoises.
c’est un truc à essayer avec sa ou son partenaire de la en en faire le concept de toute sa vie amoureuse et sexuelle… c’est finalement assez contraignant…
C’est une liberté sous contrôle..
Ma réponse à la question en fin d’article est : non.
L’infidélité c’est ma façon de vivre, et j’aim… https://t.co/VWnFxWnaJL
Belle analyse comme toujours…