J’ai reçu le nouvel opus de Stella Tanagra, l’écrivaine aussi sensuelle que ses écrits sont érotiques, un matin de mai.
Pour tout vous avouer, je n’avais encore jamais lu un de ses ouvrages et j’étais donc très contente et flattée de pouvoir enfin le faire. (Merci aux Editions Tabou de m’avoir fait parvenir l’ouvrage chez moi)
Mais débordée par ma vie professionnelle et tout un tas d’autres obligations je l’avais laissé de côté pour un moment plus propice. Un moment ou j’aurais le temps de le lire et de le découvrir en paix. Ce moment me fut enfin offert en tout début de semaine et je me plongeais dans la découverte de l’univers de Stella comme si ma vie en dépendait.
Habituée à lire des écrits érotiques je ne m’attendais pas à ce que j’allais découvrir ici. Ce fut une rencontre explosive entre l’écriture racée de Stella et moi. Je dévorais plus que je ne lisais “Sexe primé” qui regroupe 10 nouvelles différentes, soit 142 pages de sensations intenses.
Dés les premières pages, son univers est impalpable et obsédant. On navigue à l’aveugle dans un monde ou les mots défilent les uns après les autres. Des mots denses, imprégnés de culture et d’un niveau intellectuel qui est en voie de disparition. (Pour ceux qui ont oubliés que certains mots existent, prévoyez vous un dictionnaire.) Sans comprendre vraiment pourquoi, on pressent qu’il y a un côté obscur dans tout cela et que ça ne finira pas forcément bien pour tout le monde. Un peu comme dans les vieux polars des années 50 ou tout est obscur et inquiétant.
Les textes de Stella sont un mélange de poésie suave à sens multiples et de réalité crue, pourtant les mots crus ne sont pas présents là ou on pourrait légitimement les attendre .
Voilà ou réside tout le talent de Stella, exit les culs, bites et queues, ce n’est pas un roman graveleux de seconde zone il n’y a que du beau monde ici. On a d’ailleurs envie de se remplir la bouche de ces si beaux mots, de les faire rouler sur notre langue pour en déguster à l’infini la saveur. Je me suis d’ailleurs surprise à lire certains passages à voix haute juste pour me faire frisonner grâce à leurs puissances érotique.
On entame chaque histoire comme un grand gourmet le ferait, en découpant lentement la trame et les personnages, Ici on soupèse, on admire et on déguste. On revient même en arrière pour sentir tout le poids de l’intrigue qui se joue.
Les récits de Stella sont fait pour les mélomanes du cul, ceux qui ont envie de faire glisser leurs mains sur leurs sexes à la moindre excitation mais qui restent suspendus à la mélodie des mots. Castration psychique du plaisir physique qui se transforme en jouissance intellectuelle. Mille fois plus puissante que tout le reste on en redemande sans cesse .
Les histoires sont mordantes et perverses. Elles nous percutent les neurones et le système réflexif pour finir par nous offrir une réalité tout autre que celle insinuée en filigrane. On est mené par le bout du nez de A à Z par une virtuose des mots qui s’amuse avec nous comme on s’amuse avec les enfants crédules.
Stella jongle sans discontinuer avec la bienséance et les perversions intimes de ses personnages. Ils sont tous enchaînés au désir et à cette volonté de vouloir atteindre une plénitude sexuelle à tous prix. Rien ne semble pouvoir les arrêter comme s’ils étaient en dehors du cadre même de la réalité de la vie.
Les personnages masculins qui sont pourtant bien présents tout au long des textes, ne portent pas de prénoms pour la plupart ce qui m’a interpellé. Le désir masculin est prégnant, palpable, on le sent partout, guerrier, sans transitions ni appel. Les hommes sont des chasseurs, des conquérants en proie avec leur virilité et leurs intériorités perverses.
L’obsession presque clinicienne de Stella à décrire les corps, les odeurs et les sensations des personnages à l’aide d’une multitude de mots entrelacés me laisse à penser que la sexualité est ici traité comme une partie de chasse humaine avec désossage du corps. Une sorte de dissection à la fois charnelle et sociale du désir dans laquelle on retrouve tout ce qui caractérise notre statut de simple humain.
Du côté des personnages féminins, il y a une sorte de faiblesse latente. Elles sont lascives, ou crédules. Des corps provoquant le désir, l’appelant de toutes leurs forces mais jamais vraiment dominants dans les rapports charnels. Femmes objets, femmes qui font rêver, femmes que l’on désire, femmes obsédantes. La Femme est idéalisée dans sa représentation sexuée, elle est celle qui excite et qui offre son corps, même quand elle ne ressent rien.
Elle est aussi celle qui fait vomir les hommes parce qu’elle a trop de désirs, trop d’envies. Stella brosse ici, une certaine peinture masculine des femmes et je la rejoint amplement dans cette analyse. J’aime d’ailleurs beaucoup le personnage masculin d‘Ecran total qui explique avec une vérité désopilante ce que sont réellement les hommes face à leurs désirs.
“Sex Primé” est clairement dérangeant, pervers mais il n’est que l’expression de ce qu’est l’humanité. Une peinture réaliste du désir intime de tout un chacun. Il dégouline d’une sensualité et d’un érotisme que l’on a envie de rejoindre. Il est aussi cruellement intelligent et visionnaire, tout ce que j’aime.
Je vous conseille vivement de vous le procurer et de le lire partout ou vous irez, il ne serait pas surprenant que vous y trouviez une part de ce que vous êtes réellement.
“Sex Primé” de Stella Tanagra aux Editions Tabou– 15 euros
Bonus :
Entre la réception du livre et l’écriture de cet article, j’ai eu la chance de faire la connaissance de Stella et de son garde du corps photographe Omega MC Kay et je ne fus pas déçu par cette belle rencontre. Stella est une personne agréable et très chaleureuse. Une des ces femmes généreuses qui font plaisir à voir. Et pour ne rien gâcher elle est très sexy mais Chuuuuut je ne vous ai rien dit !!!