Simuler c’est vieux comme le monde, plus de la moitié des femmes simulent de façon occasionnelle, très régulièrement ou ont déjà simulé le plaisir, l’orgasme avec leur partenaire du moment ou de longue date. C’est une des pratiques sexuelles les plus répandues sur notre planète et les hommes ne sont pas en reste non plus sur le sujet puisque visiblement ils simuleraient aussi de leur côté.
Pourquoi simule t-on ? Les raisons sont vastes et pas toujours très claires si on se penche véritablement sur le sujet . Peut-être qu’au final c’est une façon pratique de ne jamais s’interroger sur les véritables fondements de notre sexualité de couple. Ou alors c’est une catégorie fourre-tout qui nous permet d’y ranger, la fatigue, l’ennui, le manque d’envie et de concentration, l’impossible connexion sensuelle, la gentillesse avec l’autre, enfin toutes les excuses que l’on accole à l’acte de simuler. En tous les cas nous nous en servons souvent comme d’une roue de secours bien pratique qui nous permet de continuer à avancer dans notre couple même si tout n’est pas génial.
Nous sommes donc de vraies usurpatrices devant le plaisir même si nous savons au fond de nous que c’est mal et que cela ne mènera à rien d’autre qu’a une certaine tranquillité provisoire. La journaliste Maia Mazaurette à écrit dans un des ses articles pour le Monde que “la simulation est utile, douce, altruiste, pourquoi ne pas la considérer comme un art vivant ?” . Si je la rejoint sur le fait qu’au fond cela n’impacte pas vraiment la viabilité du couple tant que l’on ne se fait pas prendre à simuler un plaisir que l’on ne ressent pas. Il y a des conséquences à long terme au fait de simuler que je souhaiterais soulever et qui ne me semblent pas vraiment correspondre à un art vivant.
Cela ne permet pas à notre partenaire de s’améliorer. Les hommes ont souvent l’obsession de la performance et surtout celle de nous faire jouir à tous les coups. Alors si de notre côté nous allons dans le sens de cette pression sociale en la confirmant à grands coups de soupirs et de cris de plaisir factices nous ne risquons pas d’avancer.
La sexualité de couple est évolutive et doit s’enrichir de nos besoins collectifs et individuels. Elle n’est pas toujours innée et doit se travailler main dans la main. A force de faire croire à notre compagnon qu’il nous envoie automatiquement au septième ciel, il ne risque pas de changer sa technique ni de se remettre en question. Et à raison puisque nous lui renvoyons le message que ce qu’il fait est satisfaisant pour nous. Nos cris et soupirs surjoués ne font que renforcer son idée qu’il nous donne exactement ce que nous avons envie de recevoir comme stimulis sexuels alors que c’est souvent loin d’être le cas. Difficile après cela de lui faire passer le message que tout renouvellement est toujours bon à prendre et qu’il faudrait changer certaines choses qui ne sont pas top pour nous.
Cela encourage une certaine routine .Tout le monde le sait, la sexualité du couple doit être diverse et variée. C’est à cette condition et grâce à ce travail commun que la plénitude peut être atteinte. Or nous savons aussi que pour réussir à s’améliorer rien de tel que l’échange et la parole. La simulation est un mensonge qui se mord la queue et qui ne peut que conduire à une sexualité répétitive donc routinière. Quand ce n’est déjà pas la folie au fond de votre lit, il me semble inutile de simuler. Dites simplement que vous êtes fatiguée, que vous avez moins de désir mais ne vous enfermez pas dans une sexualité routinière et expéditive pour être tranquilles.
Cela restreint fortement notre liberté sexuelle . Nous sommes à une époque ou nous revendiquons le droit à jouir, à avoir du plaisir et à choisir nos partenaires. Aujourd’hui les femmes osent dire que leur sexualité n’est pas forcément à la hauteur de leurs envies ou besoins. Cette modernité de ton, cette volonté d’avoir une meilleure vie sexuelle plus en adéquation avec nos véritables envies n’est pas compatible avec le concept de simulation. Pourquoi mentir sur ce que nous ressentons réellement , surjouer un plaisir que nous ne vivons pas alors qu’il suffit de guider son partenaire pour commencer à vivre une sexualité épanouissante. Continuer à simuler par habitude ou par confort ne peut conduire qu’a restreindre très fortement notre liberté sexuelle et finir par lasser notre partenaire qui n’est pas là pour qu’on lui joue toujours le même scénario érotique. Si les hommes sont flattés de nous entendre jouir, ils sont aussi suffisamment intelligents pour sentir que nous ne sommes pas toujours honnêtes avec eux . Trop c’est trop et c’est toujours l’ennemi du bien. Notez aussi que le mensonge, une fois découvert, peut finir par éloigner un couple. Mieux vaut jouer carte sur table dans la mesure ou l’homme ne porte pas à lui tout seul l’orgasme féminin et que celui ci dépend aussi de notre capacité à être disponible au plaisir.
Pour moi à l’ère d’une sexualité que l’on veut plus juste et plus en accord avec nos envies, la simulation est en voie d’obsolescence. En 2016 Maia Mazaurette écrivait: “Il est grand temps de réhabiliter la simulation”, moi je vous dis aujourd’hui, oubliez la simulation à tout jamais pour avoir la sexualité que vous avez toujours désiré et ne plus jamais faire semblant de la vivre.